À 36 ans, Oumoul Khaïry Sarr vit une seconde jeunesse à Gipuzkoa en Espagne, où elle a encore prolongé son contrat d’une saison. Retraçant les relations avec son club, elle dévoile ses objectifs pour le prochain exercice Championne d’Afrique 2009, elle pense que le Sénégal est suffisamment armé pour reconquérir le titre continental perdu en 2017 au profit du Nigeria.

Près de dix ans dans un club, qu’est-ce qui explique cette longue histoire d’amour avec Gipuzkoa ?
Dix ans, ce n’est pas une petite histoire. En réalité, ce n’est pas 10 ans consécutifs. J’avais fait deux saisons là-bas (2008-2010), avant de rejoindre Girona (2010-2012) qui avait un projet intéressant. Je suis revenue en 2012 et cette longue présence s’explique par la complicité avec le coach, le président et l’équipe. Mes relations avec l’entraîneur dépassent le cadre du sport. Il y a une grande amitié entre nous et je me sens à l’aise à Gipuzkoa. Pendant toutes ces années, j’ai reçu des propositions de continuer l’aventure. C’est parce que mon travail les satisfait, surtout avec la maturité, sans oublier que, on le sait, les sénégalaises se donnent à fond et sont bien éduquées. Ils sont à l’aise avec moi et je le suis aussi. En plus, ma famille est installée ici et je progresse chaque saison au niveau de mes performances. L’entraîneur me fait confiance et me dit souvent qu’il n’aura plus une joueuse de ma trempe. il m’appelle «comodín» (ndlr : Une joueuse polyvalente). Je suis capable de jouer à tous les postes et parfois même sortir la balle quand on a des difficultés. a cela, il faut ajouter l’amour, la sincérité et l’entraide mutuelle qui gouvernent nos relations. On est devenu une véritable famille.

JE PEUX ECRIRE UN LIVRE SUR MES RELATIONS AVEC MON CLUB GIPUZKOA

C’est ce que vous pousse à ne pas envisager de départ de Gipuzka ?
Absolument. Je ne pense pas changer de club au terme de la saison car, comme je l’ai dit, ma famille est bien installée. Et on fait partie des meilleures équipes de la liga Femenina Endesa (1ère division). On joue chaque saison les playoffs et la coupe de la reine. Les autres offres que je reçois, ce sont des clubs qui ne jouent pas les grands rôles. C’est pourquoi je me dis pourquoi quitter le club. Je crois que chaque joueuse rêve d’avoir du temps de jeu, être à l’aise, jouer les grands rôles et faire de bonnes performances. C’est ce qui me pousse à rester et j’ai eu toutes mes bonnes statistiques dans ce club. J’ai vécu de bons moments. Dans certains clubs, ils résilient le contrat de la joueuse ou la paient moins. Je me suis blessée ici (Gipuzkoa) et ils m’ont soutenue et couvée comme le ferait ma maman, tout en respectant les termes du contrat. Ils m’ont soutenue dans ma rééducation et c’est ici que j’ai eu mes jumelles. Quand tu es femme mariée et que tu tombes enceinte, certains clubs t’abandonnent. Mais, ce n’est pas le cas avec Gipuzkoa et ils ont renouvelé mon contrat pour conforter nos relations. Il y a une grande histoire d’amour entre le club et moi. Je peux écrire un livre sur mes relations avec le club et les dirigeants.

Quels sont les objectifs pour la saison 2020-2021 ?
Cette année, je veux vraiment une autre Tosh (son surnom). La saison dernière a été l’une de mes meilleures, mais malheureusement on n’a pas pu terminer à cause du coronavirus. J’aimerais propulser le club au sommet la saison prochaine. C’est mon objectif et aussi faire une meilleure saison que 2019-2020. Je vais me défoncer pour être physiquement prête. car, on a une bonne équipe avec deux maliennes…

JE SOUHAITE PROPULSER GIPUZKOA AU SOMMET LA SAISON PROCHAINE

…Meiya Tirera et Kankou Coulibaly. De ce fait, on aura un jeu intérieur africain. On a aussi une Française et de bonnes ailières. On aura une très grande équipe et il faudra être prête sur le plan physique et mental. Je sais que l’équipe ira
loin, si je me surpasse.

C’EST SEULEMENT AU SÉNÉGAL QU’ON PARLE D’AGE DES SPORTIFS

À 36 ans, vous enchaînez les bonnes performances au fil des saisons. Quel est votre secret ?
36 ans, ce n’est rien dans la carrière d’une sportive. L’âge, c’est dans la tête car il y a des joueuses comme Laia Palau (40 ans), la capitaine de l’équipe féminine d’Espagne. Elle fait partie des meilleures meneuses d’Espagne et d’Europe. C’est seulement au Sénégal qu’on parle souvent d’âge des sportifs, mais en Europe on se soucie plus des performances sur le terrain. A 36 ans, on est en pleine maturité et on travaille juste la condition physique, sinon
les aptitudes techniques et le mental sont là. Mon secret est d’être tranquille dans la tête, avoir le soutien de ma famille, de mon époux, prendre soin de moi et manger sain, bref avoir une bonne hygiène de vie. Je m’entraîne dur et je donne tout ce que j’ai. Le basket est devenu physique, donc il faut être prête de ce point de vue. Comme on dit, seul le travail paie. Donc, il n’y pas autre chose à faire que de travailler chaque jour un peu plus.

ON A LA CHANCE D’AVOIR UNE BONNE RELÈVE ET DES JOUEUSES EXPÉRIMENTÉES

Vous ne faites pas partie des 19 Lionnes présélectionnées pour le stage du mois d’août. Est-ce que vous avez demandé au coach de vous laisser au repos ou c’est sa décision ?
Cette année est un peu particulière, surtout avec la covid-19. On ne maîtrise pas le trafic aérien et il y a aussi l’école des enfants qui doivent reprendre plus tôt, en août au lieu de septembre. Donc, il y a beaucoup de paramètres et tous les projets de l’été basculent. On reprend pratiquement tout à zéro et ce n’est pas évident. Je n’avais pas l’intention de venir au Sénégal au mois d’août. Je voulais rester avec mon équipe, me préparer et m’occuper de certaines questions administratives. C’est pourquoi je ne peux pas venir et j’ai échangé sur ça avec le coach (Moustapha Gaye). On s’est entendu et il m’a dit qu’il va attendre le mois de février, afin de pouvoir voir certaines filles durant la fenêtre de novembre. Mais, il compte sur moi pour la fenêtre de février. Même si je faisais partie des 19 joueuses, je ne pourrais pas venir pour les raisons expliquées plus haut. Il n’y a pas de malentendu avec le coach sur ce point.

Et le retour de Moustapha Gaye à la tête de l’équipe nationale féminine ?
En équipe nationale, les coaches vont et viennent, passent et repassent, mais les joueuses restent pour la plupart. Il arrivera un jour où on va aussi partir et laisser la place à d’autres. Si ce n’est pas Cheikh Sarr ou coach Tapha, ce sera difficile d’avoir un autre entraîneur chez les lionnes. Je pense que le retour de coach Tapha est une bonne chose pour l’équipe. Il connaît bien la tanière et c’est un avantage. Son retour permettra à l’équipe de progresser et c’est l’objectif de tous les entraîneurs de l’équipe. Je lui souhaite bonne chance dans ses fonctions de dtn que ça soit avec les
garçons ou les filles. Les résultats de ces dernières années ont été obtenus sous son magistère. Donc, on espère qu’il portera encore chance pour remporter le trophée. Quand on fait près de 12 ans en sélection, on arrive à travailler avec n’importe quel coach. C’est notre travail car on est des professionnels. On s’adapte et ce sont des décisions qui émanent de la Fédération de basket. la chance de coach Tapha c’est qu’on a fait des campagnes avec lui. Cela va faciliter le travail et on redoublera d’effort pour atteindre ensemble les objectifs fixés.

Après les finales perdues de 2017 et 2019, le Sénégal a-t-il les moyens de reconquérir le titre africain en 2021 ?
Je ne joue aucun match en disant à l’avance que je vais perdre. Je ne suis pas une défaitiste. En ce qui concerne l’Afrobasket 2021, on ira le chercher. Je prie dieu de nous prêter une longue vie et une bonne santé. C’est le genre de défi que je me suis fixé durant toute ma carrière. Je descends toujours sur le parquet pour gagner. Avec l’équipe qui se construit, si on y ajoute de l’envie, de la rigueur, de la détermination, je pense qu’on peut y arriver. Ça ne sera pas facile, car rien n’est gratuit dans la vie. Si c’était le cas, on pouvait rester chez nous et se battre. Tous les matches seront difficiles et on aura le Nigeria qui grandit au fil des années. au Sénégal, on a la chance d’avoir une bonne relève et l’expérience des cadres, je pense qu’on a une bombe pour terrasser tout adversaire et aller chercher le titre.

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Source : Quotidien Record

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