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Invité jeudi de «RFM matin», le sélectionneur des Lionnes du basket, Moustapha Gaye, a fait le point du dernier Afrobasket féminin, lors duquel le Sénégal a fini à la 4ème place. Le Directeur technique national reste fidèle à sa logique de rajeunissement et de bâtir une équipe compétitive dans deux Afrobasket.

Quelle lecture faites-vous du parcours de votre équipe au Cameroun ?

On peut regretter le dernier match qu’on a perdu lors de la troisième place face au Cameroun, c’est la raison de la déception de beaucoup de sénégalais. C’est qu’on commençait le projet, on voulait rajeunir l’équipe faire une rupture générationnelle et préparer une génération dans le futur et dans le moyen terme. Les gens ne croyaient pas en nous, ou pensaient qu’on cachait notre jeu, alors que c’était la réalité. Par rapport à ce qu’on s’était assigné et la démarcation qu’on avait prise, je pense que ce n’est pas un échec. Mathématiquement, on peut dire que c’est un échec, mais ce qu’on voulait, c’est avoir une autre génération. Je peux dire qu’on a des satisfactions sur cette compétition. 

Peut-on dire que l’équipe a eu un problème de mental contre le Cameroun ?

Exactement, si on remonte les deux matches contre l’Égypte et le Mozambique, les filles avaient livré de bons matches et gagné largement face à l’Égypte et le Mozambique qui nous avait dominés lors du dernier tournoi préolympique. Une équipe qui a failli nous gagner à Dakar en 2019 et les filles les ont battues par 30 points d’écart. Après, il y avait beaucoup d’attentes sur l’équipe, les filles ont cru qu’elles pouvaient battre le Nigeria. Nous savions que le Nigeria était supérieur à notre équipe. Elles viennent des Jeux Olympiques avec plus de matches dans les jambes, plus d’expérience. C’était la déception après la défaite contre le Nigeria. Donc, nous avons eu du mal à les remobiliser. Les Nigérianes étaient plus fortes que nos filles. On avait l’impression de jouer contre des Américaines. Elles ont une autre culture du basket. Mais remobiliser les filles après la défaite contre Nigeria était difficile. Mentalement, elles n’étaient pas dans le coup. C’était un inconvénient, dans le domaine du jeu on le savait, cela nous a causé beaucoup de problèmes dans la lucidité, dans les choix, dans le pressing, vraiment dans notre jeu. Cela nous a amené à 50 points, nous avons bien défendu, mais en attaque on n’était pas au même niveau. C’est normal, 6 sur les 12 joueuses n’ont jamais joué une coupe d’Afrique, donc 50%, plus Léna Niang et Yacine Diop, n’avaient auparavant joué qu’un seul Afrobasket. Tout cela a impacté dans notre jeu. À l’interne, ce n’était pas le discours, on les boostait, je ne suis pas le genre qui va en compétition et dire qu’il va le perdre. Mais avec l’expérience que j’ai, au début, j’ai reconnu nos forces et nos faiblesses. C’est clair qu’on n’a jamais dit aux filles avant le match que le Nigeria était meilleur que nous.

Aujourd’hui, comment faire pour revenir au premier plan et bâtir une équipe compétitive ? 

La génération des Aya Traoré n’a rien gagné en 2003 et 2005. On a gagné en 2009 quand je suis arrivé. Pourquoi ne pas faire ce même processus, donner la chance aux filles qui viennent d’arriver, leur donner le temps d’apprendre. Moi en tout cas, j’ai entamé cette reconstruction en toute responsabilité, je sais que ça sera difficile, les gens vont parler, mais je crois que c’est le futur qu’il faut préparer maintenant. On aura une très bonne équipe dans deux Afrobasket. J’avais identifié Bintou Diémé, Mame Marie Sy, Oumou Khaïry Sarr pour qu’elles encadrent leurs petites sœurs. C’est un début de processus qui va continuer. Maintenant, c’est à nous de tirer des enseignements et d’aller chercher les joueuses sénégalaises partout dans le monde. C’est ça qui sera notre chantier l’année prochaine, il faudra aller en Europe, en Espagne, Etats-Unis, partout dans le monde pour dénicher les bons talents. Nous sommes très ambitieux. Si on pouvait prendre la coupe on allait le faire en 2019. Comme je l’ai tantôt, dans la vie, il y a une fin à toute chose, on remercie vraiment cette génération qui termine son cycle. En tant Directeur technique, c’est à moi de prendre mes responsabilités, affronter la réalité et entamer la reconstruction. Je savais ce que ça allait me coûter, mais quand je prenais les Lionnes sur proposition du président Babacar Ndiaye, je lui ai dit que j’ai tout à perdre en prenant cette équipe. Nous sommes ambitieux, c’est pourquoi nous avons entamé très tôt la reconstruction et nous voulons que dans 2 à 4 ans, avoir une très grande équipe. 

Allez-vous quitter le banc des Lionnes pour vous consacrer à la Direction technique ? 

C’est une affaire de confiance.  C’est le président de la Fédération de basket qui m’a appelé pour me confier l’équipe nationale féminine.  Quand il a suggéré ça, je lui ai dit que je ne croyais pas que j’allais revenir dans cette équipe nationale. En prenant l’équipe, j’avais tout à perdre, mais je crois qu’il faut une rupture générationnelle. Là, je vais mettre toutes mes forces pour accomplir cette mission qui va passer par la reconstruction. C’est une option stratégique pour bien revenir en Afrique et je vais le faire. Maintenant, je vais continuer ou pas, on va faire le bilan, discuter avec les entraîneurs nationaux et après donner à la fédération. Sur ce côté-là ne vous inquiétez pas, car je ne m’accroche à rien. Je travaille pour mon pays et je ferai tout ce que je crois être bon.

Sir Parfait Adjivon est-il pressenti pour le poste de sélectionneur des Lionnes ?

Ce sont des rumeurs, cela ne s’est pas passé comme ça. C’est moi qui peux décider sur ça et le moment venu, je vais en parler avec les concernés pour voir. Mais jusqu’à présent je suis dans la continuité du projet que je veux mettre en place.

C’est difficile de cumuler les deux postes de coach et de DTN ? 

Non. Ce n’est pas difficile comme les gens le croient. Je travaille avec les managers généraux des équipes nationales Makhtar Ndiaye chez les garçons et Astou Ndiaye avec les femmes et cela m’a allégé plusieurs tâches. Le travail que je devais faire en tant Directeur technique, ils le font et je les supervise bien. Les profils diffèrent, car certains sont entraîneurs, d’autres managers, mais tout est une question d’étude. Et tout se fera le moment venu. Au passage, je félicite Mborika Fall et Khady Diop pour l’excellent travail qu’elles ont fait. Enfin, j’en profite pour éclaircir une chose. On m’a attribué des propos sur le net et je n’ai jamais dit ça. Je n’ai jamais dit être mécontent du peuple sénégalais. J’ai dit «être déçu pour ce peuple qui mérite vraiment beaucoup plus que ça». J’ai beaucoup de respect pour le peuple sénégalais. 

(Source : Record)

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