En cette période de coronavirus, où toutes les compétitions internationales sont arrêtées ou reportées, FIBA Afrique travaille sur les possibilités de reprise de ses activités au cours de cette année. Dans cet entretien exclusif accordé à RECORD, le Secrétaire général de l’instance africaine, Dr Alphonse Bilé, fait le point sur la situation actuelle. L’Ivoirien s’est aussi prononcé sur le soutien aux fédérations nationales en cette période de Covid-19, la première édition de la Basketball Africa League, les grands projets de FIBA Afrique, entre autres sujets d’actualité.

M. Bilé, où vivez-vous le confinement en cette période et quel est votre quotidien de «confiné» ?

«Le Programme Basket 360 degrés» a changé de dénomination. Désormais, nous parlons plutôt de «Programme FIBA Plus Basketball» et cela concerne huit Fédérations dont le Sénégal»

Je vis le confinement à Abidjan, où se trouve la maison du Basket-ball Africain, siège de FiBA Afrique et mon domicile. nous traversons
tous un moment difficile. mais, fondamentalement, mon quotidien reste le même. je continue à travailler grâce aux nouveaux outils de communication. je participe aux réunions avec les autres membres des différents organes de la FiBA, de FiBA Afrique et de la NBA. Nous discutons de nos activités, et réfléchissons à de nouvelles stratégies pour mieux aborder l’après covid-19. la sortie du coronavirus sera assez compliquée et donc, comme toutes les Fédérations institutionnelles, nous nous employons à trouver des aménagements et solutions pour atténuer les dégâts éventuels.

La pandémie a bouleversé le calendrier international, surtout celui du basket. Comment comptez-vous réorganiser tout ça et relancer les activités sur le continent ?

«J’avoue que je ne comprends pas bien les télévisions africaines. Pratiquement aucune n’achète les droits TV des compétitions de basket-ball quand bien même leur équipe nationale y participe»

Tous, nous avons été surpris par cette pandémie qui bouleverse l’ordre des priorités à travers le monde. Aujourd’hui, le secteur de la santé est la priorité des priorités. c’était tout à fait normal pour nous de privilégier la santé de nos athlètes en décidant d’arrêter nos activités. Au plan mondial et africain, après avoir étudié la question, nous avons unanimement pris la décision d’annuler certaines compétitions mondiales, mais nous, au plan africain, toutes nos compétitions des équipes nationales sont maintenues, que ce soit chez les jeunes comme chez les séniors. les phases finales des compétitions de jeunes étant prévues pour les mois de juillet et août,
techniquement en les ramenant à octobre ou décembre, ces évènements peuvent toujours avoir lieu dans le courant de cette année 2020. Nous travaillons avec nos fédérations nationales membres et nous vous donnerons plus de détails incessamment. concernant les compétitions de clubs, tout reste possible. la coupe d’Afrique des clubs champions féminins pourrait avoir lieu en novembre. Je dirais que tout reste jouable. nous
nous basons sur l’ouverture des frontières et les dispositions prises par les états africains pour sortir de cette pandémie. tout dépend des réalités du terrain africain.

La Basketball Africa League a été aussi reportée. Pensez-vous qu’un démarrage est possible cette année ?

Nous avons eu un rêve, il y a de cela quelques années, celui de créer une compétition de haut niveau pour les clubs africains. Et nos échanges avec la NBA ont permis de faire de ce rêve une réalité. Nous avons donc mis sur pied la Basketball Africa league qui a été lancée le 16 février 2019 à Charlotte (USA) en marge du NBA All-star game. FiBA Afrique a organisé
la première phase de cette compétition à travers plusieurs capitales
africaines notamment : Antananarivo, Bamako, Cotonou, Dar Es Salaam, Johannesburg, Kigali et Yaoundé. les 12 équipes qui vont participer à cette première édition sont connues et la machine est prête. Pour l’instant, nous sommes, certes, en stand-by, mais rien n’indique que la compétition n’aura
pas lieu cette année. il est vrai qu’il faut réfléchir de façon plus approfondie sur la question et c’est ce que nous faisons avec la NBA pour trouver des solutions pour toutes les parties prenantes. nous (FIBA Afrique) avons eu une réunion avec la NBA et je dirais que les choses avancent dans le bon sens. La BAL est une compétition très importante pour notre jeunesse et
surtout un facteur important pour la professionnalisation des clubs
africains. le président de la BAL, Amadou gallo Fall, et FiBA Afrique,
en bonne conscience, nous ferons tout ce qui est nécessaire pour ne pas rater le coche, vu que la NBA déjà investi des fonds pour mettre
en place cette compétition.

Certains médias annoncent le report de la fenêtre de novembre des éliminatoires de l’AfroBasket masculin 2021. Est-ce que cette information est avérée ?

Comme je l’ai mentionné plus haut, toutes les compétitions prévues pour la fin de l’année sont pour l’instant maintenues. nous regardons les choses au cas par cas. ce n’est pas facile, je l’avoue, mais nous y arriverons. plusieurs
pays ont amorcé l’assouplissement des mesures anti-covid-19. ce qui pour nous est une bonne nouvelle. Nous attendons d’avoir plus de visibilité sur la possibilité de voyage entre les pays des différents continents. La FIBA a publié récemment ses recommandations pour la reprise du basketball, avec un document intitulé «le retour au basketball – lignes directrices de la FiBA» relatives au covid-19 pour les fédérations nationales. Donc vous voyez que les lignes bougent légèrement, et j’espère que nous reviendrons à nos habitudes très prochainement.

La pandémie a causé l’arrêt des compétitions en Afrique et les clubs sont aussi impactés. FIBA Afrique va-t-elle soutenir les Fédérations nationales ?

«FIBA Afrique revient de loin. On a, certes, près de 60 ans d’existence, mais le développement de nos activités a été quelque peu ralenti par le contexte africain qui ne place pas le sport en tête des priorités»

C’est une situation qui a pris tout le monde de court. et cela est très difficile pour toutes les organisations. le confinement total ou partiel, a impacté négativement tout le système, que ce soient les clubs – qui sont des organisations privées – ou les Fédérations nationales. nous avons apporté notre soutien moral à tous dans un premier temps et nous verrons par la
suite ce qui peut être fait et par quel mécanisme aider nos Fédérations nationales membres pour leur permettre de continuer de participer à nos activités. Tout cela est en cours de définition.

Vous avez lancé de nombreux projets dans le programme Basket 360 degrés. Où en êtes-vous avec ce programme qui vise à développer le basket en Afrique d’ici à 2023 ?

«Toutes les compétitions prévues pour la fin de l’année sont pour l’instant maintenues. Nous regardons les choses au cas par cas. Ce n’est pas facile, je l’avoue, mais nous y arriverons»

Je voudrais apporter un rectificatif car le programme a changé de dénomination. Désormais, nous parlons plutôt de «programme FIBA plus Basketball» et cela concerne huit Fédérations dont le Sénégal. Après la première phase qui a consisté en des séances de travail avec la Fédération sénégalaise de basketball et le ministre des sports, nous abordons la deuxième partie qui est consacrée à l’élaboration d’un plan stratégique. Cela va permettre de définir les lignes directrices de développement du basketball en accord avec la Fédération. nous avons déjà fait ce travail avec l’ouganda, le rwanda et le mozambique. L’étape du Sénégal a été suspendue en raison de la pandémie, liée à la covid-19. notre équipe en charge de ce programme sera à Dakar dès que la situation sanitaire le permettra. Ainsi donc, après l’élaboration du plan stratégique, la FIBA va appuyer la Fédération dans le recrutement d’un personnel qualifié et permanent.
toutefois, il faut retenir que nous avons déjà exécuté la phase relative à l’appui en matériels et équipements (ballons, afficheurs). Nous avons également appuyé l’organisation de stage pour la formation des cadres techniques. Pendant cette période de pandémie, nous avons initié une série
de stages de formation en ligne pour les entraîneurs, les arbitres, les photographes, les commissaires techniques, etc.

Les États se plaignent du fait que le trophée de l’AfroBasket n’apporte rien en termes de finances. Peut-on s’attendre à des primes de victoires significatives ?

Vous savez, cher ami, FIBA Afrique revient de loin. nous avons, certes, près de soixante ans d’existence, mais le développement de nos activités a été
quelque peu ralenti du fait du contexte africain qui ne place pas le sport en tête des priorités. Il nous a fallu donc travailler pour rendre notre structure viable de sorte à pouvoir attirer des partenaires et procéder à un versement
de primes conséquentes aux vainqueurs de l’AfroBasket. Nous avons aussi réfléchi à un nouveau système de compétition qui permet une meilleure commercialisation du produit FIBA AfroBasket, qui sert également d’éliminatoires pour la coupe du monde de Basketball.

«La BAL est une compétition très importante pour notre jeunesse et surtout un facteur important pour la professionnalisation des clubs africains. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour ne pas rater le coche»

Les éliminatoires de la coupe du monde de basketball 2019 ont confirmé que nous sommes enfin sur la bonne voie. les pays participants ont bénéficié d’appuis significatifs notamment la prise en charge des
assurances des joueurs et le versement de certains droits sur les droits tv récoltés. c’est peut-être peu au regard des dépenses liées à la préparation d’une équipe nationale, mais les choses vont rapidement changer dans les années à venir. Cependant, j’avoue que je ne comprends pas bien les télévisions africaines. pratiquement aucune n’achète les droits tv des compétitions de basket-ball quand même que leur équipe nationale y participe. c’est surprenant que quelques fois même, alors que la compétition se déroule dans un pays, la télévision nationale ne se sente pas concernée. les fans de basket-ball voient très peu leurs équipes ou leurs clubs évoluer en international.

Toute cette promotion interne, nationale est du ressort de la presse nationale, afin de nous permettre également de commercialiser ces compétitions. et donc, comme vous le soulignez, de pouvoir accorder des primes, comme vous dites, aux équipes participantes. Je vous informe quand même que FIBA Afrique attribue aux quatre meilleures équipes de l’AfroBasket quelques subsides obtenus par la vente des droits tv, mais
uniquement en international. Nous espérons qu’avec l’apport
de la BAL comme nouvelle compétition des clubs, la promotion du basketball dans chaque pays pourrait faire bouger les lignes au niveau des tv locales, internationales et des sponsors.

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Entretien de Mor Bassine Niang (RECORD)

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